Soutien à l’envol du Parlement de l’alimentation
Le jour où j’ai remarqué pour la première fois un berlingot de lait labellisé « lait équitable » dans un supermarché local, j’ai été interloquée. S’agissait-il d’une simple astuce marketing ? Ou d’un indicateur que quelque chose clochait dans l’agriculture suisse ? Comment se fait-il que dans un pays si riche, un tel label ait vu le jour ? Voilà ma curiosité éveillée !
Peu de temps après, via mon engagement au sein du cercle des praticiens (Practitioners’ circle) de collaboratio helvetica, j’ai eu l’occasion de creuser le sujet. En effet, en septembre 2020, l’association Agriculture du futur, nous a demandé de la soutenir pour la tenue du premier Parlement de l’alimentation. Cette manifestation, financée par une campagne de crowdfunding, avait pour but de donner à de jeunes acteurs.trices du système agricole et alimentaire suisse l'occasion de s'exprimer et de contribuer à l'élaboration des futures politiques dans ce domaine.
Le contexte ? Des dépenses fédérales pour l’agriculture et l’alimentation qui atteignaient 3 662 millions de francs (4.2% des dépenses totales de la Confédération)[1] en 2020. Paradoxalement, peu d’employé.e.s agricoles gagnent des salaires décents et trois exploitations agricoles disparaissent chaque jour depuis 2000[2]. Finalement, malgré l’urgence de réformer le secteur, la politique agricole future proposée par le Conseil fédéral (PA22+)[3] n’a satisfait que peu de monde[4], à tel point que les deux chambres ont suspendu son examen.
Au départ, le Parlement de l’alimentation devait avoir lieu en plusieurs temps et de manière décentralisée dans quatre lieux emblématiques de Suisse avec, à chaque fois, un thème dédié. La crise sanitaire, économique et sociale liée au COVID-19 a eu raison de ce plan. La tenue du congrès a dû être reportée. Finalement, il a eu lieu en mars 2021, entièrement en ligne. Au préalable, des webinaires de partage des connaissances ont permis de mettre les participant.e.s à niveau sur les quatre sujets clés du congrès : la santé, les conditions de travail, les prix et la durabilité.
Le soutien de l’équipe de collaboratio helvetica, composée de Luea Ritter, Sarah Friederich, Elsa Hoessli, Anna Krebs et de Violette Ruppanner, a porté sur des aspects variés :
la formulation de questions puissantes afin d’inviter à l’échange et à la découverte ainsi que de mobiliser la force créatrice des participant.e.s ;
le design du programme détaillé afin de mener les participant.e.s au but de manière captivante et ludique ;
l’écriture du scénario pour encadrer la journée et les différents groupes de travail, tout en créant un cadre propice au développement et à l’approfondissement des liens ;
et la facilitation de la journée elle-même.
Le résultat ? Forgez-vous votre propre opinion en visionnant cette vidéo (2 min.) produite par l’étonnante équipe d’Agriculture du futur. Plus de 60 jeunes gens travaillant dans le système agricole et alimentaire ou passionnés par celui-ci ont participé et n’ont pas reculé devant la complexité des problématiques. Ils ont traité ce sujet en profondeur, sous différents angles sur une période prolongée, et ont tracé des pistes pour l'avenir.
Et maintenant ? Agriculture du futur souhaite utiliser l'élan créé par ce travail préliminaire et le cadre politique actuel pour créer un véritable mouvement en vue de rendre le système alimentaire suisse plus durable aux niveaux écologique, économique et social. A cette fin, l’association lancera prochainement un processus d’engagement de la société civile, des acteurs économiques, de la politique et de l'administration afin d’élaborer une première politique alimentaire commune pour la Suisse.
[1] https://www.efv.admin.ch/efv/fr/home/finanzberichterstattung/bundeshaushalt_ueb/ausgaben.html
[2] Selon l’étude Travailleurs et travailleuses agricoles à la peine - Plateforme pour une agriculture socialement durable de Gilles Bourquin et Ian Chiarelli paru en mai 2020, un.e salarié.e du secteur agricole reçoit en moyenne 14.- frs de l’heure pour 53h de travail par semaine. (Source : https://sev-online.ch/fr/aktuell/kontakt.sev/2020/agriculture-conditions-de-travail-peu-bucoliques-2020070705-10/).
[3] https://www.blw.admin.ch/blw/fr/home/politik/agrarpolitik/ap22plus.html.
[4]https://www.schweizerbauer.ch/politik-wirtschaft/ap-2022/ap-22-kritik-von-ueberall-2/.
Économiste de formation et généraliste spécialisée par choix, Violette Ruppanner s'appuie sur une carrière riche et variée de 30 ans dans les secteurs public, privé et des ONG, principalement dans le commerce international et la diplomatie commerciale, la coopération au développement économique, le développement et le financement de start-ups technologiques et d'entrepreneurs sociaux, le leadership participatif, les systèmes complexes ainsi que le conseil stratégique et organisationnel. Elle a rejoint le cercle des praticiens - l'équipe de conception et de facilitation de collaboratio - en 2020